Le « Learning by doing » ne suffit plus, il faut former et accompagner

« Apprendre sans réfléchir est vain. Réfléchir sans apprendre est dangereux. »
Confucius

Les plateformes digitales, l’intelligence artificielle et la robotique chahutent l’économie, les entreprises, les métiers et les façons de travailler issus du XXe siècle. Mais étonnement, on continue à voir la formation et l’apprentissage comme il y a un siècle. L’Éducation nationale est le socle et le diplôme l’aboutissement. Après, plus rien.

Nous sommes tous d’accord : il faut repenser la formation à l’ère numérique, et il faut le faire non pas en substitution des dispositifs antérieurs d’éducation, mais en articulation et en hybridation, avec en soutien des supports et environnements technologiques. Présentiel et distanciel, physique et numérique. Toute la vie. L’environnement de travail bouge extrêmement vite, la demande en savoir-faire numérique est immense, et la compétition est devenue mondiale.

Alors que la plupart des grands pays développés dépensent de 2 à 2,5 % de leur PIB pour la formation des adultes, en France nous dépensons environ 1 % pour la formation professionnelle, tous dispositifs confondus. Comment et pourquoi dépenser aussi peu ? Parce que culturellement, l’apprentissage et l’éducation s’arrêtent quand on commence à travailler. La formation pour adulte est malheureusement trop souvent perçue comme un moyen de reconversion, comme une « seconde chance ».

L’entreprise à besoin de compétences nouvelles, c’est vrai. Elle a aussi besoin de nouveaux profils, d’un apport de sang neuf pour créer une vigueur hybride. Mais soyons clairs, la solution n’est pas que dans cet apport exogène, loin de là, les salariés en place peuvent aujourd’hui monter en compétences et s’adapter facilement, toutes les solutions existent déjà, même les financements. Mais alors même que la demande et que les solutions existent, les choses avancent très doucement.

Les RH manquent souvent d’outils et de culture digitale pour juger et jauger des compétences nécessaires pour satisfaire les besoins et combler les lacunes de l’organisation. Il faut les former et les acculturer comme les autres salariés, peut-être même eux en priorité. Ils ne peuvent plus improviser et se former seuls.

Learning by doing

Avec un risque de me tromper assez faible, je peux prédire que votre CDO est un autodidacte et/ou que sa formation initiale n’a rien à voir avec le digital. À coup sûr c’est un(e) excellent(e) praticien(ne), de haut niveau, qui s’est formé(e) en exerçant. C’est la méthode d’apprentissage des professionnels qui ont commencé leur carrière au siècle dernier. Nous avons pour la plupart appris en marchant et en faisant selon nos propres priorités, décisions et actions. Nous avons appris en testant, en essayant, en échouant et en essayant encore. Sur un cycle d’apprentissage long et au fil de l’eau, selon les évolutions des usages et des technologies. C’est le cas de toute une génération en place, mais ce n’est plus possible pour ceux qui arrivent aujourd’hui dans le monde de l’entreprise, cela va trop vite et la dette numérique est trop importante : elle ne pourra se résorber selon cette approche empirique. Il faut des méthodes et des apprentissages plus rapides et efficaces.

Autre complexité : les premières cohortes de collaborateurs digitalisés, compétents et formés spécifiquement pour ce monde numérique n’arriveront à des postes clés que dans quelques années seulement. Entendons-nous bien, les dirigeants actuels ne sont pas tous « analogiques » pour autant, ils se sont adaptés pour la plupart et ils ont bien compris les enjeux. Mais malheureusement, ils manquent souvent de pratiques et de réflexes digitaux. De plus, ils ne prennent pas le temps d’assister aux formations, sessions d’acculturation et restent sur des notions de sensibilisation à grosses mailles. Et personne n’ose les contraindre à le faire, c’est une erreur, mais c’est plus sûr pour garder son job, j’en conviens.

Croyant, mais non pratiquant

Il est quasiment impossible d’apprendre si on n’y consacre pas un temps suffisant. Pas de magie et pas de miracle. De nombreux spécialistes estiment qu’il faudrait consacrer au moins 10 % du temps travaillé à apprendre. En 2017, les Français ont passé 12 heures par an pour leur formation et seulement 6 heures par an pour un ouvrier non qualifié. Vous pouvez faire le calcul dans votre tête : le compte n’y est pas. Il faut donc accélérer, et de façon urgente ! Pour ce faire, nous avons des solutions à vous proposer pour vous accompagner dans cette phase d’accélération digitale. Mais ne vous leurrez pas : la partie la plus essentielle de cette montée en compétence numérique ne pourra être faite que par chacun de vos collaborateurs, car la connaissance, c’est du temps multiplié par de la pratique et de la motivation.