« La nouvelle génération est épouvantable. J’aimerais tellement en faire partie ! »
Oscar Wilde
On ne compte plus les articles dédiés aux générations Y, Digital Natives et autres millennials qui représenteront tout de même 75% des actifs d’ici 2025 (cet article est d’ailleurs écrit par un millenial, NDLR)… Derrière ces termes multiples on désigne globalement les personnes nées entre 1980 et 2000. Leur caractéristique ? Avoir grandi avec le numérique et Internet, les rendant « a priori » opérationnelles par nature sur ces sujets.
Dans un contexte de transformation digitale, il est donc compréhensible que les entreprises voient leur salut dans cette population : c’est sûr, ils savent comment faire, et ils vont les aider à apprendre plus vite.
La réalité est néanmoins un poil moins idyllique. Tout d’abord, avoir grandi avec Internet ne veut pas dire qu’on en a fait une compétence professionnelle. Il suffit de se rendre à l’heure actuelle dans des écoles pour développer une inquiétude sur l’avancée réelle des jeunes générations dans leur compréhension du numérique appliquée au monde de l’entreprise. Ensuite, avoir une compétence numérique ne veut pas du tout dire pour cette génération qu’elle veut la mettre au service d’une grande entreprise. Le besoin de liberté, l’intérêt pour l’entrepreneuriat, la défiance vis-à-vis des processus et du management traditionnel… sont des freins bien réels auxquels sont confrontés les grands groupes.
Pourtant, la génération Y devient une douce obsession : on crée pour elle des Shadow Comex, on développe des tiers-lieux internes avec tables de ping-pong et consoles de jeux vidéo dans le doux espoir de les charmer assez pour les faire rester plus de 2 ans.
Alors où est la vérité ? Lors d’un échange récent avec un membre d’un Comité de Direction, ce dernier me disait que les « jeunes » s’étaient toujours sentis différents, quelle que soit l’époque. Il observait aussi que la génération actuelle était prompte à vouloir lancer une startup, mais que le faible taux de réussite de ces dernières (à peine 10%) faisait revenir ses membres au sein d’entreprises plus stables. Soit, mais le fait qu’ils y reviennent ne veut pas dire qu’ils y sont heureux ! La transformation digitale des organisations implique de nombreux changements, parmi lesquels une meilleure gestion de l’ensemble des générations de l’entreprise. Tout comme être jeune ne fait pas de vous un génie du numérique, être plus expérimenté ne fait pas de vous un incompétent ou un réfractaire sur le sujet.
L’entreprise en tant qu’ensemble d’individus doit revoir sa culture pour y inclure tous ses salariés. Elle doit aussi poser des règles qui transcendent les générations. Elle doit repenser son organisation, ses circuits de décision et méthodes de travail, mais pas de façon unilatérale. L’entreprise est riche de sa multiplicité, et si les millennials accélèrent quelque chose, c’est notamment l’urgence de cette prise de conscience.
Bien sûr, les millenials ne sont pas que des collaborateurs, ce sont aussi des consommateurs (plus ambigus qu’il n’y parait). Cela induit d’autres tensions pour les grandes entreprises, qui seront l’objet d’un futur article…