Hololens 2 : révolution ou évolution ?

« Le virtuel est ce qui nous aide à faire advenir ce que nous ne sommes pas encore ».
Philippe Quéau

Vous aviez déjà probablement entendu parler du Hololens, ce masque de réalité mixte (on parle plutôt de réalité mixte que de réalité augmentée) de Microsoft sorti en 2017, permettant un ancrage d’éléments virtuels dans le réel. Peut-être l’avez-vous même déjà utilisé dans votre entreprise ou testé lors d’un événement. Invitée par Microsoft lors d’une soirée réunissant influenceurs et professionnels investis dans cette technologie, j’ai eu la chance de tester en avant-première la V2, l’aboutissement de 2 ans de R&D pour perfectionner et rattraper les failles techniques du premier modèle. Une réussite, et surtout une grande avancée dans la virtualisation des espaces physiques.  

Le Hololens a toujours été un très bel outil technologique. Les cas d’usage pendant les 2-3 ans de son exploitation par les entreprises ont été nombreux, notamment dans le domaine de l’industrie et de la médecine. C’est en effet dans le secteur B2B que Microsoft a su mener bataille et résoudre des problématiques très variées. Le Hololens a par exemple été utilisé lors d’une opération chirurgicale en 2017. Le dispositif a également permis de rendre plus intuitive la téléassistance sur de grosses machines industrielles difficilement opérables sans expertise, et de faciliter la formation d’employés novices.

Alors quels grands changements sont apportés par cette nouvelle version du Hololens ?

Une révolution technique : l’amélioration du champ de vision
Tandis que le champ de vision du Hololens 1 handicapait beaucoup l’expérience utilisateur, celui-ci est doublé dans le nouveau modèle. Un changement radical permettant un réel confort d’utilisation. Cette fois, on peut vraiment insérer les hologrammes dans l’espace qui nous entoure sans tourner la tête en permanence, et on peut surtout massivement passer du Proof of Concept au véritable cas d’usage.

Un meilleur design du casque
Beaucoup plus ergonomique, la nouvelle version s’enfile « comme une casquette », nous explique Benoit Le Pichon, Technical Evangelist Microsoft France lors du test dans leurs locaux. Le poids du casque est également mieux réparti. Plus besoin non plus de retirer intégralement le casque lorsqu’il n’est pas utilisé : la partie avant se soulève désormais comme une visière. Un confort nécessaire pour les travailleurs industriels ayant besoin de maintenir un rapport fort au réel.

Une nouvelle gestuelle
Une grosse évolution par rapport à la version 1 est le tracking des mains, phalange par phalange, qui permet à l’utilisateur de manipuler les objets virtuels comme s’ils se trouvaient dans son environnement physique. Pour ceux qui avaient déjà essayé le Hololens 1 : plus besoin de pincer en l’air pour faire comprendre son geste à la machine, on attrape simplement avec les mains les éléments de manière intuitive. Pour les personnes utilisant ce type de technologies pour la première fois (en formation par exemple), c’est une réelle amélioration.

Le eyetracking pour un dispositif ajusté à chacun
Le Hololens 2 suit désormais les mouvement des yeux. Cela permet d’envisager de nouveaux usages. Il est par exemple possible de dérouler un texte progressivement de manière naturelle à la lecture : le dispositif suit les yeux de la personne pour avancer en rythme avec elle. D’autre part, le eyetracking facilite la récupération de données précises et précieuses : pour un industriel par exemple, c’est la possibilité de comprendre exactement où la personne qui utilise une machine industrielle porte son regard. Enfin, la technologie de eyetracking installée dans le masque permet d’identifier précisément chaque utilisateur du dispositif, et ajuste précisément l’espace virtuel à sa vue et à son identité.

De nouvelles fonctionnalités grâce à Azure
Microsoft a introduit 2 nouveaux services : Azure Spatial Anchors, qui permet d’utiliser les outils collaboratifs Microsoft sur un Hololens 2 aux côtés de personnes équipées de Smartphones / Tablettes / Ordinateurs, et Azure Remote Rendering qui héberge les données d’éléments 3D dans le cloud, pour compenser le manque de puissance 3D des appareils. Une manière de faciliter l’adoption de la technologie par tous les employés de l’entreprise, qu’ils aient accès à un masque ou non.

La véritable révolution : la spatialisation de l’espace de travail
L’arrivée du Hololens sur le marché sera surtout l’occasion d’explorer un peu plus les possibilités apportées par le Space Computing. Après l’ère de l’informatique ambiante où les systèmes informatiques s’intègrent partout, dans tous nos objets du quotidien, nous tendons vers l’ère de l’informatique spatiale où tout l’espace physique sera investi par le virtuel. Il faut dès à présent anticiper ce changement de pratiques, et réfléchir à l’impact que cela aura sur les techniques d’apprentissage, ou encore sur l’utilisation et la modélisation des machines industrielles. A ce sujet, Airbus a décidé d’investir massivement dans la technologie Hololens 2 pour réduire, selon eux, de 80% la durée des phases de test avant conception.

Bientôt, il sera nécessaire de générer les jumeaux numériques de toutes vos infrastructures pour maîtriser l’espace et permettre sa combinaison avec les outils de virtualisation. Êtes-vous prêts à faire évoluer vos pratiques ?