« Tout le monde parle de la ville intelligente, mais personne ne définit ce qu’est réellement une ville intelligente. »
Dave King
Parmi les sujets chauds des grands rassemblements technologiques ces dernières années, la Smart City est en bonne place avec un marché qui pourrait atteindre en France 4 milliards d’ici 2022. Et dans les outils essentiels à cette nouvelle organisation urbaine, il est impossible de passer à côté de l’intelligence artificielle.
Pour mieux comprendre ce qu’il est possible de faire avec cette dernière dans le domaine de la ville intelligente, j’ai rencontré William Eldin, CEO de XXII Group, pour un échange passionnant sur les use cases que son entreprise est en train de développer, en tant qu’experte des algorithmes de vision pour l’analyse de vidéos en temps réel ou non. XXII l’expliquait d’ailleurs également au CES 2020.
I) L’humain et les objets dans la ville
Parmi les nombreux cas d’applications, William Eldin me précise tout ce qui est actuellement possible de faire vis-à-vis des personnes :
– La reconnaissance faciale, afin de faciliter par exemple le contrôle d’accès dans des environnements sécurisés. Ce point pourrait d’ailleurs être ralenti en Europe, l’UE envisageant un moratoire de 5 ans afin de prendre plus de recul sur le sujet, là où la France souhaite elle expérimenter rapidement. Cette décision de l’UE est selon SYSK dommageable, tant le retard sur le sujet est déjà grand en Europe vs la Chine par exemple
– Le comptage de personnes, pour monitorer les flux d’une zone donnée, dans une gare, un aéroport ou une place de ville par exemple. Il est aussi possible de détecter les groupes en formation, les groupes stagnants, de même que les comportements afin de déclencher des actions en fonction d’attitudes prédéfénies
– Le Zoning intelligent, qui permet le lancement d’alertes en cas de franchissement ou pénétration de zones définies, par des personnes ou des objets
– La détection d’objets, pour prévenir par exemple la détention d’armes, identifier les colis abandonnés (et potentiellement, l’origine de l’abandon de ce colis). Il est également possible d’activer un tracking multi-caméras, pour suivre un objet spécifique sur l’ensemble d’un réseau caméra.
II) La mobilité urbaine
Comme nous l’avons vu avec le Président de Microsoft France et son souhait pour le Futur, l’optimisation de la mobilité urbaine passera notamment par la technologie. XXII Group est dans cette même logique, et propose différentes approches par le biais de ses algorithmes de visualisation :
– Le comptage et tracking de véhicules pour compter le nombre de véhicules et les suivre dans l’espace
– L’analyse du trafic pour connaître les flux de véhicules
– La lecture de plaque immatriculation pour créer un péage intelligent ou lancer des alertes
– La détection d’accident pour lancer des alertes en temps réel
– Le feu rouge intelligent pour compter le nombre de voitures à chaque position du carrefour et automatiser le passage
– Le stationnement disponible pour détecter les places occupées des places libres
Il est également possible d’améliorer la vidéo-verbalisation, avec notamment : le franchissement de lignes blanches, l’identification de circulation en contresens, l’excès dans la durée de stationnement, les excès de vitesse…
III) L’infrastructure urbaine
Dans les sujets moins connus du grand public, mais très utile pour les villes, XXII Group a identifié d’autres utilisations pour ses algorithmes :
– La détection de décharges sauvages, une pratique malheureusement trop répandue
– La cartographie des limitations de vitesses pour définir les différentes zones dans la ville
– La détection d’incendie en identifiant les sources de chaleur par caméra thermique
– Le scanning de dégradation pour repérer les tags, les casses, les dégâts liés au climat…
– L’état de remplissage des poubelles pour éviter l’excès d’ordures en ville et optimiser les services généraux
IV) Conclusion
Pour conclure, les villes ont un énorme champ d’exploration sur le sujet du numérique et de l’intelligence artificielle à leur service. Mais cela risque de prendre pour du temps, tant nous observons chez SYSK une dette numérique importante au sein des municipalités, dont la résorption devra passer par de l’acculturation et de la formation pour les agents, et une meilleure compréhension globale du sujet (SYSK accompagne d’ailleurs sur cette thématique une grande ville de la région parisienne).
Merci à William Eldin pour son temps, et pour la qualité de son travail sur le sujet de la Smart City, qui respecte en passant les différentes réglementations qu’elles soient européennes (RGPD), françaises (CNIL) ou américaines (PIA / Privacy Impact Assessments).