« Celui qui aime à apprendre est bien près du savoir. »
Confucius
Avoir des compétences numériques à jour et en phase avec les besoins du marché, savoir s’adapter, développer sa curiosité… voici un ensemble de sujets qui nous sont chers au sein du Cabinet SYSK.
Nous observons quotidiennement une pénurie, un retard sur ces derniers. Les écoles traditionnelles ont souvent pris le train du numérique en retard, et les institutions publiques sont encore un peu dépassées.
En 2013, j’ai été contacté par Frédéric Bardeau pour le lancement de Simplon, une entreprise sociale et solidaire qui utilise le numérique comme levier d’inclusion en révélant des talents différents, et qui accompagne à son niveau la transformation des organisations.
Quelques 8 années plus tard, cette structure s’est beaucoup développée, et elle a notamment mis en place un partenariat avec Microsoft France, afin de développer plusieurs écoles, tout d’abord sur l’intelligence artificielle (IA) et plus récemment sur le Cloud. Une discussion sur le sujet m’a donné l’opportunité d’en savoir plus, avec l’apport de Céline Corno, Directrice de la Philanthropie chez Microsoft France, et Louise Joly, Directrice des programmes Microsoft x Simplon, afin de mieux comprendre comment elles travaillaient sur ces sujets très actuels.
Un partenariat parti d’un constat commun : le besoin de compétences et d’inclusivité
Le partenariat Simplon x Microsoft avait déjà commencé il y a quelques années, sur une cible jeune et sur le sujet de l’initiation au code pour les enfants et adolescents. L’idée ? Faire de ce dernier une opportunité pour chacun.
Mais c’est en 2018 que les choses ont pris une autre ampleur avec les premières écoles IA. D’un côté, Simplon est particulièrement attachée à la promotion d’un recrutement inclusif, en termes de genre, d’origines sociales, de parcours, ou de neuro-diversité. Microsoft France est aussi sensible au sujet, et l’entreprise a permis d’apporter un élément crucial à Simplon : l’identification des compétences dont le marché (par l’observation de ses clients et partenaires) a besoin à un instant T. N’allez néanmoins pas penser que ces écoles ne forment qu’aux technologies Microsoft : l’idée est de développer un large éventail de compétences numériques, et de les renforcer notamment par des certifications Microsoft qui correspondent aussi à une attente du marché.
Pour Simplon, les écoles IA et plus récemment Cloud sont ainsi en droite ligne avec son ADN sociétal, et elles font écho à de vrais besoins des entreprises (garantissant ainsi un emploi derrière).
Pour Microsoft, cela s’inscrit dans une démarche philanthropique, celle de permettre à des demandeurs d’emploi de rejoindre le secteur numérique, mais permet aussi à son écosystème de bénéficier de profils différents et parfaitement adaptés à leurs besoins actuels.
Découvrez les témoignages de Gauthier et Tiphaine, apprenants de l’Ecole Cloud
Mais alors quelles compétences ?
Si on s’intéresse plus particulièrement à l’Ecole Cloud, le premier point mis en avant par Simplon concernant ses apprenants est la nécessité de travailler sa curiosité, mais aussi la sincérité de leur projet de formation (ce qu’on appelle la motivation !).
Mais cela n’est bien sûr pas suffisant. Les candidats passent par un parcours de recrutement très complet, dont voici les grandes étapes
– Un formulaire de candidature avec des questions de culture générale, un volet « projection dans l’emploi et dans les compétences », des éléments de motivation et présentation de soi… Ce afin de mesurer l’engagement initial du candidat. Tous les formulaires sont ensuite analysés, et seules les personnes ayant répondu sérieusement passent cette étape
– Une rencontre physique : les candidats sont reçus dans une salle à raison d’une douzaine de personnes par demi-journée. Ils ont un exercice commun à réaliser en collaboration. En parallèle, chaque candidat passe 3 entretiens : personnalité / motivation – culture générale sur les métiers du cloud – administratif / ressources financières / problématique de garde d’enfant… Les entretiens sont conduits par des entreprises qui souhaitent recruter, Simplon, Microsoft… L’idée est d’échanger avec le candidat à différents moments de la demi-journée
– Si un candidat convainc l’ensemble des jurés, le candidat a sa place. Il peut ensuite intégrer une formation de 4 à mois selon son parcours, suivi d’une expérience de 12 à 15 mois en alternance ou en contrat de professionnalisation selon les cas
Concernant les compétences attendues sur le marché, Simplon opère régulièrement une analyse du secteur du Cloud, pour comprendre ce qui est déjà couvert en termes de formation, et ce qui pourrait l’être. Simplon s’est ainsi aperçue que les développeurs qui travaillent sur le cloud sont rarement spécialisés sur le sujet, alors que ce dernier ne fait qu’accélérer. Il y a donc un intérêt à proposer une approche « Cloud-Native ». Les personnes issues de l’École Cloud apprennent donc le métier de développeur spécifiquement dans ce type d’environnement, avec bien sûr un focus sur Azure (le Cloud de Microsoft).
Dans cette même école est aussi proposée une formation « d’administrateur » cloud, un métier très en tension actuellement. Et parmi les points d’attention, on pourra par exemple citer l’optimisation financière des solutions Cloud au sein même d’une entreprise.
Quelle est l’approche pédagogique au sein de l’École Cloud ?
Les formations Ecole IA ou Cloud se font sur la même logique :
– Des formats présentiels (pas de distanciel asynchrone ou de MOOC…)
– Un accompagnement en proximité
– Un chargé de formation pour suivre les apprenants en local
– Un RH au sein de Simplon dédié aux recrutements de formateurs
– Une formation des formateurs à la « pédagogique Simplon », afin de garantir la cohérence des parcours quel que soit le lieu
Interview de Romain Poncet, formateur pour l’Ecole Cloud
Cela a pour conséquence de limiter le nombre de personnes qu’il est physiquement possible de former, et met l’accent sur la qualité de la formation des profils.
Simplon et Microsoft sont aussi attachées à l’ancrage local des Écoles. Simplon a ainsi des antennes territoriales dirigées par des Campus Managers, et les projets d’Écoles sont souvent issus d’une demande des territoires eux-mêmes, avec certaines spécificités. C’est ainsi qu’on retrouve une École IA hébergée au sein du CHU de Nancy, ou au sein de la Halle Tropisme à Montpellier.
Comment sont approchées les structures qui accueillent les apprenants ?
Sur ce point, Simplon et Microsoft travaillent à 4 mains. Simplon de son côté travaille déjà avec la majorité des grands groupes FR et des ESN, et ces structures ont appris à adhérer à ces nouvelles façons de recruter. Microsoft ouvre de son côté les portes de ses partenaires et clients, et présente le programme, l’intérêt de la démarche (et ce qu’elle implique). A noter que pour le bien des apprenants, il est aussi vérifié que la future structure accueillante est assez mature pour accueillir une personne en contrat de professionnalisation (en ayant notamment une personne dédiée pour l’accompagner).
Témoignage de Lionel Vargel, tuteur au sein de my digital spirit
Témoignage de Narjiss Aissaoui, tutrice au sein d’Expertime
Quel bilan à date et quelles ambitions pour Microsoft et Simplon ?
Tous types d’Écoles confondus, ce sont déjà 624 apprenants (titulaires d’un titre professionnel de niveau 6 ou d’une certification France Compétences selon les sujets) et 177 entreprises partenaires qui sont recensées. Sur la plus récente École Cloud, les 2 premières promotions couvrent quant à elles 29 apprenants et 20 entreprises partenaires. L’ambition est forte, puisque le but est d’ouvrir 15 à 20 nouvelles IA et Cloud d’ici juin 2022.
Les seules limites sur le sujet sont celles de la qualité (favoriser l’expérience apprenant plutôt que le volume d’apprenants) et des attentes spécifiques du marché, sur lesquelles Microsoft et Simplon se basent pour développer leurs écoles.
Ce qui est sûr, c’est que cela fonctionne, puisque les 2 structures observent à date un taux de sortie positive de 84,4%.