Définition et impacts du Web3

« Un projet de société se définit par la place qu’il attribue à l’homme, et par la relation qu’il établit entre l’individu et la collectivité ».
Valéry Giscard d’Estaing

En 2019, nous avons célébré les 30 ans du web (30th Anniversary of the World Wide Web). Trois décennies au cours desquelles les technologies et pratiques ont énormément évolué. Trente années de croissance et de renouvellement pour des utilisateurs qui adoptent de nouveaux usages aussi vite qu’ils s’en lassent. Non pas qu’ils aient un comportement volatile, mais le rythme d’innovation est tellement élevé qu’ils se laissent facilement séduire par les nouveautés.

Il en résulte non pas une, mais plusieurs trajectoires d’évolution qui ont émergé au fil des innovations : Les différents stades d’évolution du web : 1.0, 2.0, 3.0…

Aujourd’hui plus que jamais, tout le monde s’interroge sur ce que sera le prochain iPhone, à savoir la prochaine innovation de rupture. Une course à l’innovation dont même notre Président se soucie puisqu’il veut faire de la France, et de l’Europe, les leaders des futures générations du web  : « L’innovation et la prise de risque font écho à l’histoire profonde de notre pays ».

Avec l’avènement des cryptomonnaies et de la blockchain, les entrepreneurs les plus audacieux bénéficient d’un nouvel élan porté par l’espoir de faire les choses différemment, notamment en ce qui concerne les services financiers : Les enjeux de la fintech à l’heure de la finance décentralisée. C’est sur cet élan qu’est née l’idée du Web3, un web décentralisé qui s’appuie sur des technologies novatrices comme les cryptomonnaies pour redonner du pouvoir aux internautes (lire à ce sujet le manifeste publié par les pères fondateurs de l’Ethereum : Introduction to Web3. Nous retrouvons ainsi l’idée que le web est passé par différentes étapes de développement correspondant à des architectures distinctes : The Journey to Web3.

Mais au-delà de ces explications de haut niveau, le Web3 génère un énorme brouhaha, car chacun en a sa propre définition, parfois contradictoires, et car les explications plus poussées se perdent très rapidement dans des détails techniques incompréhensibles aux néophytes. Il y a donc un grand besoin de clarification, car l’impact potentiel est gigantesque comme expliqué dans cet article du Forum Économique Mondial : Web3, The hype and how it can transform the internet.

La meilleure façon d’expliquer simplement le Web3 est de prendre en compte l’évolution des modèles économiques :

  • Au commencement, le web reposait sur une architecture décentralisée où chacun pouvait exploiter son serveur web en s’appuyant sur des technologies open source ;
  • Au fil des ans, les contenus et services numériques sont devenus de plus en plus populaires, financés par la publicité, avec un phénomène de concentration qui a profité à l’émergence des grandes plateformes numériques ;
  • Avec le Web3, l’ambition est de réduire la dépendance aux plateformes, notamment les GAFA, et de s’affranchir de la publicité ciblée et personnalisée qui a mené à tant de dérives (sur-exploitation des données personnelles).

Mythes et réalités du Web3.

Mais malgré cette explication, il reste encore beaucoup de confusion sur ce qu’est réellement le Web3 et en quoi il diffère de ce que nous connaissons : Mythes et réalités du Web3. Une autre façon de définir ce qu’est le Web3 est de faire une analogie avec la 5G. Au même titre que la 5G n’est pas une technologie, mais la cinquième génération des standards pour la téléphonie mobile, le Web3 est une appellation commerciale qui désigne un palier de maturité des usages numériques.

Ainsi, nous vous proposons la définition suivante : Le Web3 est un nouveau palier de maturité pour les usages, technologies et pratiques numériques. Il désigne un ensemble de services novateurs reposant sur des technologies ouvertes ou décentralisées (cryptomonnaies, contrats intelligents, médias auto-édités…). C’est une nouvelle itération du web qui ambitionne de ne plus dépendre des revenus publicitaires et de proposer une alternative aux places de marchés et agrégateurs.

Il y a ici l’idée que le Web3 s’oppose à un existant devenu néfaste ou dommageable. Effectivement, force est de constater que la montée en puissance combinée des smartphones et des médias sociaux a complètement bouleversé le quotidien de milliards d’individus, pour le meilleur et pour le pire. Si nous n’envisageons pas de retour en arrière, une diminution des usages numériques, nombreux sont ceux qui appellent à un « pas de côté » pour limiter l’impact des problèmes qui gangrènent le web : captation des richesses par les intermédiaires, cyber-harcèlement, prolifération de vérités alternatives, cyber-attaques par des organisations ou états malveillants…

Partant du constat que le web est aujourd’hui dominé par les médias sociaux et grandes plateformes de mise en relation (ex : Uber, Deliveroo, Getir…), certains font le constat que nous sommes allés au bout de la logique d’agrégation d’audiences et de ciblage algorithmique, qu’il faut une nouvelle approche centrée sur l’humain et à plus petite échelleLe Web3 marque le passage à un web communautaire.

La principale motivation des utilisateurs est de s’élever par rapport à des usages primaires (rechercher de l’information, acheter en ligne, envoyer des messages), de confort (se déplacer ou payer plus facilement) ou psychologiques (partager, dialoguer…). Les usages du Web3 correspondent ainsi à des besoins d’appartenance (« moi aussi je possède des cryptomonnaies ou des NFTs« ) et de réalisation (« je souhaite m’engager dans ou faire partie de quelque chose« ).

Cette culture centrée sur la communauté (d’appartenance ou d’implication) a un énorme impact pour des marques habituées à faire de la publicité proclamatrice sur les médias de masse (ex : « ma lessive lave plus blanc« , « mon assurance rembourse mieux« …) : Le Web3 restructure le marketing autour des communautés.

Cette nouvelle façon de capter l’attention et de recruter des utilisateurs en les fédérant autour de valeurs communes implique une nouvelle typologie de marques construites autour de projets ou d’idéauxDecentralized brands. Cette logique de décentralisation combinée à la souplesse des applications en ligne et la puissance de l’automation permet de viabiliser le concept de DAO qui représente le modèle ultime d’organisations autonomes et décentralisées. Si ce modèle séduit les utilisateurs qui veulent s’engager et adhèrent à l’idée de « pas de côté », les internautes lambda vont très certainement avoir plus de mal à comprendre l’intérêt et le fonctionnement de ces services : Sommes-nous et souhaitons-nous être contrôlés par des algorithmes ?

Le Web3 a-il réellement le potentiel pour révolutionner les usages et l’économie numérique ? Oui et non, car si l’on ne peut remettre en cause le bienfondé de la vision de ses pères fondateurs, les projets se heurtent à la réalité opérationnelle : La déplateformisation promise par le Web3 est-elle réaliste ? Comme le Web 2.0 à ses débuts, le Web3 souffre ainsi de nombreux problèmes de jeunesse et génère à la fois scepticisme, méfiance et enthousiasmeWeb3 is the future, or a scam, or both.

En revanche, ce qui est certain, c’est que les usages des internautes sont en perpétuelle évolution et que les attentes des consommateurs s’adaptent aux nouvelles contraintes et crises. L’émergence du Web3 est ainsi une très belle opportunité pour les marques et organisations de repenser leur écosystème numérique et de remettre en cause leur modèle dans un contexte de Grande Réinitialisation : passer de la New Economy à la Next Economy.

Si vous souhaitez en savoir plus sur notre vision du Web3, n’hésitez pas à télécharger notre livret blanc ou à nous contacter pour que nous puissions partager avec vous notre retour d’expériences sur nos programmes d’acculturation et nos ateliers d’idéaction afin de réfléchir à des solutions pragmatiques adaptées au contexte de votre entreprise.