« Il ne faut pas appeler richesses les choses que l’on peut perdre. »
Léonard de Vinci
Vous avez peut-être déjà vu fleurir sur certains sites une pastille annonçant le nombre de CO2 émis par une page, ou bien la mention “site éco-conçu” :
Si le sujet prend autant d’ampleur désormais, c’est que l’on observe une véritable prise de conscience de la part des acteurs du numérique sur leur impact environnemental. Ainsi, les entreprises soucieuses des sujets d’écologie numérique commencent progressivement à réfléchir à la manière de réduire leur empreinte carbone, en lançant des initiatives responsables que nous mentionnons dans cet article.
L’optimisation d’un site web afin de réduire son impact environnemental en fait donc partie et permet d’imaginer la création de sites webs sous d’autres critères que ceux que l’on peut observer habituellement. A titre d’exemple, une simple recherche Google émettrait environ 0,2 grammes de CO2. La consultation d’une page d’un site web quant à elle reviendrait à environ 1,3 grammes de CO2 émis.
Comment optimiser son site pour minimiser son empreinte écologique ?
Concevoir un site web, c’est avant tout l’envisager à toutes les étapes de son développement. Ainsi, lorsque l’on met en place un site internet, on sélectionne le/les serveur(s) où il sera hébergé, on définit son architecture et les technologies nécessaires à son fonctionnement. Une fois en place, on peut également décider de mettre en place des actions afin d’améliorer l’expérience utilisateur ou le référencement. Pour chacune de ces étapes il est ainsi possible de réfléchir à l’impact écologique des actions menées.
Conseil n°1 : s’assurer d’avoir une équipe projet sensibilisée à la responsabilité numérique
Qu’il s’agisse des développeurs informatiques ou bien des personnes en charge du projet, pour réussir l’éco-conception d’un site, les équipes doivent être sensibilisées à la responsabilité numérique afin d’en comprendre les enjeux. Il est important que toutes les personnes impliquées dans le développement du site comprennent les critères d’optimisation d’un site éco-conçu, car cela peut parfois aller à l’encontre des bonnes pratiques habituelles du développement de sites web. Pour les développeurs informatiques, cette sensibilisation passe par l’apprentissage de pratiques “green code” visant à réduire l’impact écologique du site, notamment en réduisant le nombre de lignes de codes utilisées pour le faire fonctionner. Des outils commes GTMetrics ou Unused CSS peuvent être utilisés à cet effet.
Conseil n°2 : bien sélectionner l’hébergeur pour qu’il corresponde à vos ambitions
Que vous travailliez avec une agence ou que vous développiez votre site en interne, le sujet de l’hébergement reste primordial. En fonction de la cible de votre site web, vous pouvez tenter de privilégier des acteurs locaux. En effet, plus les serveurs seront éloignés de vos cibles, plus votre consommation d’énergie sera importante. Vous pouvez également vous tourner vers des acteurs engagés sur le sujet menant de réelles actions afin d’améliorer leurs pratiques. On peut citer Infomaniak par exemple, un hébergeur suisse qui n’utilise que des énergies renouvelables, met en place des projets d’optimisation de ses datacenters et compense ses émissions de CO2 à 200%. Krystal, hébergeur anglais, ou bien encore Ikoula, hébergeur français se positionnent également sur le 100% renouvelable et restent des options intéressantes à envisager. Pour choisir l’hébergeur correspondant à vos besoins, vous pouvez aussi vous fier aux acteurs répondant aux deux normes suivantes : ISO14001 et ISO50001 répondant à des critères écologiques et énergétiques.
Conseil n°3 : choisir un CMS adapté
Vous aurez peut-être besoin de passer par un CMS pour mettre en place votre site web. Ces plateformes sont très performantes mais souvent peu éco-responsables. Ainsi, WordPress ou Drupal sont les CMS les plus utilisés actuellement et ne sont pas particulièrement orientés vers des pratiques respectueuses de l’environnement. Pour faire son choix entre les différents thèmes proposés, il faudra surtout réfléchir aux fonctionnalités nécessaires pour son site et privilégier les thèmes les plus simples. Un mot clé utile est ainsi “lightweight”, qui permet de trouver une liste de thèmes simples ne demandant pas trop de ressources. Évitez également d’installer trop de plugins pour ne pas alourdir le site. Enfin, certaines alternatives à WordPress ou Drupal son possibles comme ColdCMS qui propose un CMS écologique, mais celles-ci restent à la marge.
Conseil n°4 : penser le site en fonction de sa cible
Dès le début du projet, il est important de réfléchir à la cible finale de son site et à l’intérêt qu’elle aura à le consulter. Minimiser le nombre de pages, aller à l’essentiel et opter pour des parcours utilisateurs simples dans lesquels on ne se perd pas sont des éléments essentiels pour optimiser son site web. Les pratiques UX (pour expérience utilisateur) et UR (pour User Research) vous seront très utiles à cette étape. Schématisez votre site en amont et testez-le auprès d’un public test en organisant des ateliers. Les retours obtenus vous permettront de mieux cadrer votre besoin, repenser les fonctionnalités gourmandes en énergie dont vous n’avez pas besoin et obtenir une meilleure performance. Autre exemple de cas d’usage concret : lorsque vous avez la certitude que certaines de vos cibles auront besoin d’imprimer le contenu affiché à l’écran (comme des recettes de cuisine par exemple), pensez à proposer une version simplifiée imprimable. Proposer un dark mode fonctionnel (c’est à dire un mode sombre de son site réduisant le taux d’éclairage des écrans) permet également d’anticiper les usages de ses cibles et de réduire leur consommation d’énergie.
Conseil n°5 : repenser l’usage des photos et vidéos
Lorsque l’on développe un site, on peut avoir tendance à vouloir mettre des images et vidéos partout afin de le rendre plus visuel. Malheureusement, ce type de pratique peut s’avérer peu rentable, non seulement en termes d’empreinte écologique, mais également en termes d’expérience client et de référencement. En effet, les sites de référencement comme Google préfèrent mettre en avant les sites se chargeant plus vite. Or plus une image est volumineuse, plus elle met de temps à charger, ce qui rend l’expérience utilisateur d’autant plus désagréable puisque la personne doit attendre que le contenu soit entièrement chargé pour profiter intégralement de sa lecture du site. Quelques exemples de questions à se poser :
- cette image / vidéo apporte-t-elle quelque chose à l’expérience utilisateur ?
- apporte-t-elle une information concrète à l’utilisateur ?
- pourrait-on réduire sa taille sans réduire son impact ?
Il peut aussi être intéressant de faire appel au “lazy load” pour charger les médias sur son site. Tout ce qui se trouvera en haut de la page sera ainsi chargé, tandis que le reste plus bas ne se chargera que si l’utilisateur décide de faire défiler la page.
Conseil n°6 : s’intéresser à la tendance “low tech”
Certaines actions peuvent être mises en place pour aller encore plus loin dans l’éco-conception d’un site. Ainsi, la tendance “low tech” vise à réduire l’impact environnemental d’un site (ou d’un support numérique) par le biais de divers choix diminuant l’expérience visuelle sans en diminuer l’expérience de navigation. Le blog du Low-Tech Lab est ainsi l’exemple parfait de ce type d’initiative. Fondé sur les principes de durabilité, d’accessibilité et d’utilité, il propose par exemple aux utilisateurs de décider s’ils souhaitent afficher les images ou non, réduisant ainsi le poids des pages à charger.
La plupart des images sur le site sont également des .png de 4 couleurs, garantissant un poids de fichier minimal et une meilleure lisibilité du contenu. Cette pratique, que l’on appelle aussi “dithering” en anglais permet de conserver les détails de l’image, tout en réduisant le nombre de couleurs utilisées.

Conseil n°7 : vérifier l’impact de son site avec les outils adaptés
Pour construire son site et ajuster les pages en fonction de leur score écologique, plusieurs options s’offrent à vous. Des outils comme EcoIndex, PageSpeed Insights de Google, Ecometer, Website Carbon, existent pour évaluer les performances de votre site. Le score est généralement défini selon plusieurs critères : la complexité de la page, la bande passante utilisée, ou encore le nombre de requêtes envoyées. N’hésitez-pas à utiliser ces outils à bon escient pendant toute la durée de développement du site afin de réaliser les ajustements nécessaires.
Conseil n°8 : obtenir des labels d’éco-responsabilité
Plusieurs labels existent pour justifier de l’éco-responsabilité de son site.
- Le Green Code Label délivré par le Green Code Lab est délivré pendant 2 ans et se traduit en 3 niveaux (or, argent, bronze) ;
- le label Wattimpact délivré par Wattvalue qui estime l’impact énergétique du site et vérifie que celui-ci passe par des énergies renouvelables pour fonctionner ;
- le Label Green Web Foundation qui certifie que votre site utilise des énergies “vertes” ;
- le label “site internet éco-responsable”, fondé sur 3 critères, le type d’énergie utilisée, l’optimisation du code et l’utilisation d’un mode sombre.
Viser un label vous permettra de cadrer vos actions et d’obtenir la reconnaissance de vos actions.
Un exemple concret de grande entreprise ayant développé un site éco-responsable
Mentionnée dans notre précédent article sur les entreprises éco-responsables, Dalkia, filiale du Groupe EDF et acteur clé des services énergétiques a mis en place un site éco-conçu selon plusieurs critères.
L’entreprise a choisi de limiter le nombre de fichiers image, vidéo ou PDF intégrés sur chaque page et de s’inspirer de la tendance low-tech pour réduire le poids des images. Elle a également réduit le poids des pages et le volume de requêtes par page. Le site a été pensé en terme d’expérience utilisateur avec un nombre de pages optimisé et des parcours utilisateurs simplifiés. Enfin, l’hébergement du site utilise plus de 50% d’énergies renouvelables. Le site est statique, et les contenus ne sont actualisés qu’une fois par jour. Cette architecture leur permet ainsi de n’avoir à sauvegarder qu’un seul serveur, mais aussi de pouvoir éteindre le second tous les soirs et les weekends, soit près de la moitié du temps.
A vous de jouer !
Concevoir un site éco-responsable a plusieurs avantages, notamment celui de se tourner vers l’avenir. Mais privilégier l’éco-responsabilité pour un site, c’est surtout améliorer ses performances sur les moteurs de recherche et la satisfaction client en se penchant sur l’expérience utilisateur.
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